Art. 40 : Battambang – la légende du bâton perdu

Cette fois-ci, nous quittons définitivement Phnom Penh. Un tuk-tuk vient nous chercher à l’hôtel pour rejoindre la station de bus. 7h30 de trajet pour rejoindre Battambang, situé à 290 kms de la Capitale, dans le Nord Ouest du Cambodge.

Il fait chaud, vraiment très chaud. Même si nous en avons pris l’habitude, dès que le bus s’arrête pour les pauses, la chaleur nous tombe dessus. Nous nous étions imaginé quelques instants qu’en remontant un peu plus dans le Nord du pays, il ferait moins chaud. En fait, la nuance est bien relative …

Le trajet en bus s’éternise un peu, pourtant nous en avons l’habitude maintenant ! Le chauffeur prend ou dépose des locaux et/ou des marchandises à plusieurs reprises ce qui rallonge le temps de route estimé au départ.

Au Cambodge, les bus sont quasiment tous équipés en postes de télévision. Films ou clips y sont diffusés. Beaucoup de clips romantiques et mélodramatiques dont les cambodgiens sont friands. Si vous n’aimez pas, tant pis car en plus, le volume est assez fort 🙂

A notre arrivée, nous débarquons en plein cœur d’une fête foraine. Il y a beaucoup d’animation et la chaleur est à son apogée. Nous négocions un tuk-tuk en direction d’un hôtel que nous avons repéré. Ça y est, nous pouvons poser nos valises !

Battambang est considérée comme la deuxième ville du Cambodge. En khmer, son nom veut dire littéralement « perdre le bâton ». Il semble exister plusieurs significations et celle qui se rapporte à la légende locale de Preah Bat Dambang Kranhoung est la plus répandue. Il s’agirait d’un géant devenu roi, qui en voulant combattre un rival, lui aurait lancé un gourdin pour le tuer mais manqua sa cible. Le bâton retomba et forma un ruisseau nommé O Dambang pour finalement se perdre dans une région reculée qu’un des rois suivants ordonna de nommer « province de Battambang ». Aujourd’hui une statue trône en l’honneur de ce géant à l’entrée de la ville.

Notre séjour de 4 jours ici est agréable. Contrairement à Phnom Penh ou encore au Sud, la ville a fait de la propreté son cheval de bataille et ça se voit 🙂 La vie y est plus tranquille et, passé 20 heures, les commerces sont pour la plupart fermés.

Nous prenons le temps de faire quelques photos en nous baladant à pieds (le Wat Domrei Sor ou pagode de l’éléphant blanc, la Maison du Gouverneur de style colonial …). Nous nous promenons également près de la rivière Sangker où des aménagements ont été réalisés qui permettent aux locaux et aux touristes de faire du sport, de faire jouer les enfants … Nous assistons même à des paris sur des parties de pétanques à la cambodgienne.

Au cours de l’une de nos virées, un tuk-tuk nous interpelle et nous propose de nous conduire jusqu’au bamboo-train. Cela fait effectivement partie des choses que nous avons prévu d’aller essayer. Ses tarifs sont raisonnables, nous montons donc à bord de son petit carrosse motorisé. Le chauffeur est particulièrement attentionné, nous mettant à disposition un chapeau de paille et un éventail pour l’activité. En effet, à cette heure de la journée, il est à peine 13 heures, le soleil rayonne fortement.

Le bamboo-train (ou Norry) est un train rudimentaire constitué d’une simple planche de bambou et d’un petit moteur qui sillonne les voies ferrées, ces mêmes voies qui ont été installées par les français du temps du Protectorat. Il est à la fois utilisé par les locaux et pour les touristes. Comme il n’existe qu’une seule voie, il est peut être facilement et rapidement dégoncé quand un autre bamboo-train arrive en sens inverse. Une fois lancé, ce petit bolide peut atteindre les 40 kms/h. Le chauffeur doit avoir l’œil, surtout quand les vaches décident de faire une petite balade sur la voie ferrée ! Une activité très sympathique à faire avant que ces petits trains ne disparaissent. En effet, un projet d’utilisation de la voie ferrée par une compagnie privée est en cours depuis plusieurs années pour y permettre le passage d’un train, un vrai. C’est toute l’activité économique des petits villages alentours qui risque d’en pâtir.

Lors de cette activité, nous faisons la connaissance d’une petite « Savaye » d’à peine 10 ans qui vend des petits bracelets après l’école. Une petite commerciale en devenir. Même si nous ne sommes pas fervents de ce genre de petit commerce par les enfants, nous n’avons pas pu résister à son sourire.

Au retour, notre chauffeur de tuk-tuk nous attend et nous ramène en ville. Nous nous rappellerons longtemps de l’expression de son visage lorsque nous lui donnons un pourboire. Mélange de stupéfaction et d’émerveillement. Un simple petit dollar qui semble valoir de l’or …

Une fois n’est pas coutume, nous louons une petite moto pour ne pas rester cantonnés à la ville et nous partons à la découverte des villages alentours. Les scènes de la vie locale quotidienne font toujours émerger de petites pépites. Nous en profitons pour visiter des sites un peu plus éloignés comme le Temple Ek Phnom et le Temple Banan. Nous accédons à ce dernier après avoir gravi de nombreuses marches sous la chaleur mais cela en valait la chandelle, car il nous offre un bel aperçu de l’architecture khmère d’antant et un beau panorama. En redescendant, une boisson fraîche est vraiment la bienvenue.

En soirée, lors du coucher du soleil, nous assistons à un spectacle étonnant, celui de millions de chauves-souris sortant d’une grotte pour leur activité nocturne.

Même si Battambang est une petite ville aux allures tranquilles, elle connait aussi son lot de miséricorde. Nous ne parvenons toujours pas, et nous ne parviendrons pas, à nous faire à la misère de ces gens qui dorment dans la rue avec leurs nouveaux-nés dans les bras. Nous en voyons pourtant aussi chez nous mais ce que l’on voit ici prend une tout autre réalité.

Nous quittons Battambang dans l’objectif de remonter encore un peu plus dans le Nord et ainsi rejoindre Siem Reap, mondialement réputé pour ses vestiges khmères. Il s’agira de notre dernière destination au Cambodge.