Art. 32 : Dans le Nord, à la frontière chinoise – épisode 1

Nous voici enfin prêts pour l’aventure : destination Ha Giang où nous allons pouvoir louer une petite moto et partir vers d’autres contrées, d’autant que la ville d’Ha Giang ne présente en elle-même pas grand intérêt.

Depuis Sa Pa, 8 heures de bus, sans compter les temps d’attente entre les transferts. Les bus locaux ont à chaque fois l’avantage de nous faire vivre des expériences particulières. Cette fois-ci, un petit bus d’une vingtaine de places dans lequel nous sommes en fait une trentaine, collés, serrés, bercés par les coups de klaxon du chauffeur. Au Vietnam, c’est la règle pour prévenir de son passage, d’un dépassement … on klaxonne et au final, ça klaxonne tout le temps. C’est également la loi du plus fort, les scooters n’ont qu’à se pousser quand un bus ou un camion arrive ! Alors que dire des piétons … ils passent en dernier 🙂

Partis à 8h30, il est déjà presque 19 heures quand nous arrivons à Ha Giang. Nous bouclons les modalités de notre itinéraire à venir et louons une moto à l’hôtel où nous avons pris une chambre. Petite précision, pour circuler dans la région, notamment près de la frontière chinoise, il faut un permis spécial destiné uniquement aux étrangers et délivré par le bureau de l’immigration. C’est assez paradoxal quand on sait que normalement la conduite nous est interdite !

Dung, qui travaille à l’hôtel, se met en quatre pour nous être utile, pour faire les démarches à notre place et nous choisir une bonne moto.

Le plein est fait, ça y est, nous pouvons enfin partir, à nous la liberté ! Une virée d’environ 700 kms sur 7 jours.

Pour le premier jour, notre objectif est d’atteindre Yen Minh, à 102 kms. Nous passons par Quan Ba, Tam Son et prenons le temps de prendre des photos. Les paysages qui s’offrent à nous sont déjà très jolis, mélange de montagnes verdoyantes, de rizières en terrasses et de cultures maraîchères.

A Tam Son, petit arrêt pour faire changer un joint d’étanchéité sur la moto et rencontre avec Julie, une jeune française attachante avec qui nous passerons plusieurs jours.

Arrivés à Yen Minh, quelques achats supplémentaires : nous avons désormais la panoplie complète des motards asiatiques 🙂

Au deuxième jour, nous reprenons la route, direction Dong Van à 84 kms. Nous faisons un arrêt à Lung Cu, frontalier avec la Chine. La vue est tout simplement splendide, nous sommes presque émus par tant de beauté.

Nous en profitons pour bifurquer dans les petits villages et n’hésitons pas à rejoindre les paysans dans leurs champs. Une vie d’un autre temps, le travail se fait toujours à l’ancienne. Ici, Monsieur, Madame ou les deux, aidés de leur buffle, labourent les pieds nus enfoncés dans la terre.

Toutes ces images qui défilent sous nos yeux sont tellement authentiques et si loin du modernisme que nous connaissons en Occident. Une sorte de retour en arrière, à l’époque de nos grands-parents respectifs.

La route est moins praticable sur cette portion, en réfection ou en cours d’aménagement. Hommes et femmes participent au cassage des gros cailloux, à l’étalage du gravier et du mortier.

Toutes ces scènes de vie ne laissent pas indifférents.

Au départ de Dong Van, au troisième jour de notre virée, nous revoilà partis pour 94 kms. Nous passons par Méo Vac en empruntant « la route du bonheur » (Ma Pe Ling). C’est ici que notre chemin se sépare de celui de Julie. Si au départ le temps est brumeux, peu à peu le soleil réapparait et nous permet d’en prendre plein les yeux. Sa Pa n’était qu’un petit aperçu de ce qu’il était possible de découvrir dans la région du Nord.

Nous arrivons en fin de journée à Bao Lac, faisant l’objet de toutes les curiosités dans cette petite ville, très sale, où nous sommes à priori les seuls touristes.

En nous baladant sur le marché local, nous sommes interpellés par des femmes ethniques qui vendent des pièces de monnaie anciennes datant de l’époque de l’Indochine au début du XX ème siècle. Etaient-elles authentiques ou pas ? Toujours est-il que c’est assez surprenant de trouver encore des traces de la colonisation française dans ces petites contrées si reculées.

Cela fait désormais trois jours que nous avons entamés notre virée à moto et, sincèrement, nous ne regrettons absolument pas d’avoir tenté l’aventure. D’autant qu’elle sera mémorable jusqu’au bout. A suivre …